Billet Traversée N°5
Isla Brisas – San Cristobal Galapagos
Journées du 3 et 4 Juillet 2013
Le reste de l’après midi de ce 3 juillet, Appaloosa va continuer à galoper et galoper. Il ne se fatigue pas ce cheval, et c’est tant mieux. La vitesse descend parfois à 6 nœuds dans les molles, mais grimpe à 7 nœuds parfois 8 nœuds en moyenne. Du coup, nous commençons à croire en nos chances d’arriver avant la nuit du 4 au 5 juillet. La nuit sera décisive.
Le repas sera avec ce qu’aime les petits et les grands : spaghetti bolognaise ; nous avons eu de la chance de trouver du steak haché avant de partir. Pendant cette soirée et la nuit, le vent ne faiblira pas et va même passer de temps en temps au Sud Sud Est. Cela permet, puisque nous sommes sur la bonne route de faire un angle au vent plus grand. De 60° au vent (près bon plein) nous passons à 70° puis 80° et parfois 90° (vent de travers). Le confort n’en est que plus grand : notre monture ne cogne presque plus, et glisse davantage sur l’océan Pacifique. Je prends même la barre en début de nuit et je me fais un grand plaisir. Je vais même pousser le luxe avec un cigare. Le panard quoi ! Derrière, Appaloosa laisse un sillage phosphorescent. Jamais nous n’avons vu autant de phosphorescence en Atlantique. Il est tel que les 2 sillages des coques s’unissent pour n’en former qu’un. Il est tel que nous pouvons distinguer le ventre blanc des mouettes et des frégates qui nous accompagnent par le reflet du plancton ! Incroyable, il faut le voir parce que je sens bien que vous avez du mal à me croire.
La moyenne sur cette journée sera la meilleure : 160 Mn, soit 6,67 nd de moyenne. A minuit il ne reste que 111 miles à faire. Cela se traduit par une moyenne à réaliser de 6,17 pour arriver à 18h. Ce n’est pas gagné, mais nous tenons le bon bout.
Le 4 Juillet se lève sur un temps mitigé, qui devient beau par intermittence. Cela nous fait du bien de voir le soleil. Le ciel est entrecoupé de pluie. A mon lever, je distingue les Galápagos, Valérie qui ne tarde pas à se lever me pose cette 1ère question
- « Est ce que je les vois ? »
- « Oui, regardes ». Elle observe et sourit de toutes ses dents. Il est 7h30, nous sommes à 55 mn de Puerto Barquerizo, soit à environ 15 Mn de la côte.
Par contre lorsque les enfants se lèvent, le crachin nous les cache. Ils sont dubitatifs sur le fait que nous les avons vues, alors que nous sommes à 9 Mn, puis 5 Mn de la plus proche côte, eux … rien. Nous vivons en réel ce que nombre de navigateurs ont vécu. Ces îles à cause de la pluie, ou de la brume apparaissaient et disparaissaient. C’est pourquoi leurs premiers noms furent « Las islas encantadas » les îles enchantées, bien avant les Galápagos.
A 11h, tout le monde voit San Cristobal, la 1ère île, et notre destination. Nous sommes rassurés d’arriver avant la nuit : il reste une trentaine de miles. Rendu sous le vent de l’île, nous glissons sur l’eau. Nous profitons du paysage. Il est assez désertique, avec des collines. La végétation est rase, et pas l’ombre d’une vie. A 12h00, nous repassons à 11h00 : nous passons à UTC-6. Cela fait donc 8 heures de moins qu’en France. Un peu plus tard, je décide de passer près de haut fond (15/20 m je vous rassure), car j’espère accrocher une dernière pêche avant d’arriver, surtout qu’un gros morceau nous a échappé. Bingo ça remord. Aussitôt nous réduisons la voilure (merci tonton Serge pour ce conseil), je prend la canne et commence à remonter la ligne. C’est dur, puis mou. Il joue et se débat. Je relâche du mou de temps en temps car il tire dur. La particularité c’est que ce poisson plonge en profondeur. Au fur et à mesure de la remontée, nous le fatiguons, et tout le monde est prêt : la bouteille de Tekibon (un affreuse erreur d’achat d’alcool de cactus), le crochet et l’épuisette. Valérie est sanglée et se tient dans la jupe. Ca y est nous le voyons : une belle pièce avec des reflets clairs et des nageoires jaunes. Ce coup ci, il finit sur le pont ! Ainsi notre moyenne de pêche à la traîne ne souffre pas trop. Mais de quoi s’agit-il ? Après recherche dans les livres, nous diagnostiquons une Sériole. Elle fait 3,1 Kg et 70 cm. Nous sommes fiers de cette pêche et de ce nouveau trophée.
La traversée se finit dans l’euphorie, à 15h35 Puerto Cristobal est en vu. A 16h30, l’ancre est coulée par 8 m de fond. Nous sommes le seul voilier étranger, et en tout il n’y a que 2 voiliers. Le port n’est constitué que de mouillages, avec pelle mêle, des navires de pêche, des vedettes , des gros navires de plongée, qui font 30 à 40 m, le garde côte, un petit paquebot qui part pour Gayaquil et un petit cargo. Nous apercevons déjà les 1ères otaries, les enfants sont ravis. La prochaine nuit sera bonne : sans quart, avec une ancre bien enfouie. Nous vous laissons, nous allons nous reposer et commencer à remettre le bateau en état, et il y a du boulot avec cette traversée un peu difficile.
BILLET TRAVERSEE N°4
De Isla Brisas – Panama à San Cristobal – Galapagos
Journées du 2 au 4 Juillet 2013
La soirée du 1er juillet est donc très calme, sans Champagne, sans repas de fête … Mais vous connaissez le capitaine : les intérêts comptent doublent à la prochaine l’escale. Avec le nouveau fichier météo de la soirée, je constate une fois de plus que la direction du vent est bien prédit, mais la force est 10 nds de plus en moyenne. C’est très bien ainsi pour la vitesse du bateau, mais à plus de 20 nds au près, dans cette mer, cela devient inconfortable. A 19h30 nous re virons plein Ouest et nous découvrons que l’allure devient plus confortable, pourtant à la même allure sur l’autre bord. Nous aurons fait la plus petite moyenne journalière avec 128 Mn. Pendant la nuit, le vent vire pour la 1ère fois au Sud avec une composante d’Est, résultat nous pouvons non seulement prendre la route directe, mais descendre un peu plus pour faire des « provisions », en cas de bascule défavorable à nouveau. Valérie nous mets à 70° du vent, et là c’est un confort de navigation qui vient avec une augmentation de la vitesse, Appaloosa s’en va au galop avec 7 nds de moyenne, et des pointes à 8 et plus ! C’est toujours un grand plaisir que de chevaucher Appaloosa dans ces conditions. D’autant plus que cela faisait longtemps, et que nous le désirions fortement. C’est le lendemain avec le jour, toujours sans soleil, et avec du crachin que nous observons le Pacifique. Il a changé : d’un manteau désordonné de petites vagues qui allaient dans tous les sens, il s’est couvert d’une parure cohérente, plus régulière : c’est le pourquoi du confort grandissant. Nous avons la confirmation ainsi que l’état de la mer – surtout la mer croisée) - est aussi primordial pour le confort que l’allure par rapport au vent. Le vent faiblit en matinée à Force 3 avant de revenir à force 4 vers 16h00.
La vie à bord continue avec son train train : jeux et découpage des cahiers du CNED pour les enfants, lecture pour Valérie et Espagnol et Guitare pour moi, avec en plus les repas. A 22h50, alors que tout le monde est au lit, je lis que nous sommes à 0°11,8 Nord, l’Equateur est à portée de main. Pour Valérie et les enfants, ce sera une 1ère que la traversée de cette ligne imaginaire. Elle est pleine d’évocation : l’entrée dans l’hémisphère Sud. Elle est l’antithèse de la nôtre : si peu de terre pour tellement de mers et d’Océans. C’est d’ici un mois la Polynésie qui a elle seule évoque tant pour tous. C’est la 2ème fois pour moi que l’Equateur se passe de nuit. Même Valérie, qui est de quart pendant cette période marque par réflexe sur le cahier à 4h25 (UTC-5) 0°03,1 Nord au lieu de Sud ! Et 85°45,8 Ouest. Comme tout le monde dort, il ne se passe rien de plus. Ce 3 Juillet se lève encore sous la pluie et le temps gris. J’arrête le moteur qui compensait la faiblesse du vent vers 7h30. A 11h00 nous larguons le ris du génois, le vent est de force 4 puis 5.
Nous faisons les plus belle moyenne 6 ,4 ; pis 7,10 et 7,4 nœuds enfin. Un dernier fichier météo qui va nous mener jusqu’à l’arrivée, nous prédit encore du temps gris et une température qui ne varie que de 2 degré entre le jour et la nuit : 20 à 22°C. C’est toujours le Printemps, malgré que l’on soit exactement sous l’Equateur ! Bon d’accord le soleil est au plus loin puisque nous sommes au solstice d’été, mais quand même … encore la faute au courant. Il est 13h30, nous ne sommes plus qu’à 189 Miles nautique de l’arrivée ! Nous espérons arriver avant la nuit de demain soir, sous peine de faire des ronds dans l’eau en attendant le jour. Cela va être juste ! Nous sommes par 0°18,7 SUD et 86°38,4 Ouest. Nous allons retarder nos montres d’une heure pour passer à UTC – 6, ce qui fera 8 heures de décalage avec vous les terriens de France. D’ailleurs pourquoi êtes-vous à UTC + 2 au lieu d’UTC, hein ?
Nous faisons route directe au 260/250 °, le vent est redescendu à force 4. Par contre nous allons trinquer ce coup-ci à Neptune, qui nous a épargné et permis de passer l’équateur. Encore une raison de piocher dans la réserve du capitaine, hé hé !
Billet Traversée N°3 : de Panama à Isla San Cristobal – Galapagos
Journées du 28 Juin au 1er Juillet Tout faux ! Tout faux que je vous dis : du soleil nous n’en avons pas, la pluie toujours. Nous avons même froid puisqu’il fait entre 21°C et 22°C. Le vent est toujours plus fort qu’annoncé, et avec des variations de 50° en 10 mns …. Bon, recommençons ou nous en étions. La fin de la journée du 28 ressemble un peu aux précédentes en plus calme : un coup il y a du vent bien orienté, un coup il refuse. Je démarre et coupe les moteurs en fonction pour faire des bords anglais. La nuit, nous voyons quelques cargos, nous sommes sur une route : la route Pacifique de l’Amérique du Sud. Par contre, et c’est dommage, nous avons croisé un voilier de 190m de long ! La nuit ne nous a pas permis de voir à quoi il ressemble, alors à vous de me le dire. Son nom « Great Praise ». Invoquez Yahoo et Google pour moi !
Le jour se lève sur ce 29 juin avec du soleil : que cela fait du bien ! Nous ne l’avions quasiment pas vu depuis la France (c’est pour dire) ! Et oui à Panama c’était petite pluie ou grosse pluie, avec souvent des orages. Finalement, vous n’allez pas vous plaindre : les Panaméens, tous les ans ils ont 6 mois de pluie, vous, ce n’est qu’une fois tous les 10 ans, bande de veinards. Après maintes tergiversations et interprétations des fichiers Gribs, plus l’analyse de notre routeur adoré, nous décidons de descendre plein Sud, d’ailleurs le ciel se recouvre déjà. En fait, il s’agit, même si nous rallongeons la route, de prendre les courants :à notre niveau celui de Humboldt, porte à l’Est, alors que plus bas c’est le courant équatorial ( ou des Alizées) qui va d’abord vers le Sud puis rapidement vers l’Ouest, vers ou nous voulons aller. L’après-midi, j’apprends à mon fils la technique de largage d’un ris, pour le reprendre … 1h plus tard, promis je n’ai pas fait exprès, c’est Eole le seul responsable. De toute façon la nuit vient et comme le vent à tendance à remonter, c’est très bien ainsi. En tout cas cela permet de bien faire apprendre la leçon. Le soir dans le carré c’est film tous ensemble. L’équipage s’amarine. La nuit se passe bien, avec un force 5, et avec des virements de bord lors du changement des quarts. Eole continue à jouer avec nos nerfs. La mer bien que relativement plate (1,5 m de creux) n’en est pas moins désagréable. C’et Valérie qui met en évidence la responsabilité du courant, opposé au vent et à la houle, il lève cette mer désordonnée, courte qui fait qu’Appaloosa se cabre souvent. Il faut patienter. Au matin du 30 juin, nous avons pris l’habitude de voir non plus des poissons volants sur le pont mais des petits calamars. Nous ne savions pas qu’ils étaient capables de se propulser jusqu’à plus de 3 mètres de haut ! Dès que les conditions le permettront, je testerai ce nouvel appât. Ce 30 juin voit la pose d’une ligne de pêche et la récolte d’un petit thon jaune (famille des thons rouge) de 41 cm. Vers 17h, nous virons enfin vers l’Ouest par 0°54 Nord et 81°06 Ouest. L’équateur attendra encore un peu. Ce ne sera pas encore la route directe, mais le gros de la descente vers le Sud est fini. L’après-midi, en faisant le tri, Valérie a l’idée de faire une confiture de papaye, mangue et ananas, avec les fruits avancés. Nous la dégusterons bientôt. C’est un exploit vu comment cela bouge, même moins ce jour, pour Valérie. Sur 48 h (référence 14h30, heure du départ) nous avons parcouru 262 Mn, soit une moyenne faible de 5,46 nœuds. Ce fut une bonne journée ce 30 juin : j’ai eu enfin le temps de faire un peu d’Espagnol et de re toucher ma guitare : bonjour les dégâts. Même la corne que l’on a au bout des doigts a disparu, c’est dire depuis le temps que je n’en avais pas joué ! Ce 30 juin voit aussi la fin de notre journal de bord, le 3ème. Celui-ci avait été ouvert le jour du grand départ le 8 juillet 2012. C’était un cadeau de Gérard. Dans quelques jours, cela fera un an que nous avons quitté Arzal. Un petit bilan s’imposera. 1er juillet, date historique que vos manuels d’histoire vous ont inculqué. Vous vous rappelez ? C’est l’anniversaire du capitaine. Merci mes parents pour le mail. Le matin, c’est une nouvelle barque de pêcheur qui demande des cigarettes. Ils font encore plus forts : ils sont à plus de 140 Mn de la plus proche côte ! Ils nous impressionnent ces Equatoriens ! Mais cette journée anniversaire ne se passe pas comme elle aurait due. Le temps est gris et pluvieux et la température est descendue de 28/30°C à ces 20/22°C depuis quelques jours, nous avions oublié ce que c’était. Et puis le vent, particulièrement inconstant jusqu’à ce soir, ou je vous écrits ces quelques lignes. Pas moins d’une dizaine de virement de bord pour garder le cap. Pour une journée de fête on repassera ! Ce n’est pas grave nous le fêterons à l’arrivée. Nous sommes redescendu encore plus Sud pour avoir davantage de courant porteur (0.6nd au lieu de 0.1 nd), et puis normalement maintenant c’est tout schuss jusqu’à l’arrivée. Nous avons viré par 0°31 N et 82°3 W. Nous devrions arriver le 4 juillet, voir le 5 si les conditions restent mauvaises. Le reste de la journée sera occupé à trier les fruits et légumes qui ne supportent pas le tangage excessif, les enfants jouent aux jeux vidéo, puis découpent et recollent les synthèses des cahiers scolaires du CNED. Sur 24 heures, nous avons fait la plus petite moyenne : 118 Mn avec voile et moteur. Mais le plus dur est passé ce soir : nous sommes en route directe (normalement) pour les Galápagos. Il est 18h00, un gratin de choux fleur et pomme de terre sous une couverture de béchamel est au four. Le soleil est revenu, juste pour nous dire bonne nuit entre 2 nuages gris. Le Pacifique prend de belles couleurs. Nous avons maintenant le rythme hauturier dans la peau. Même si Appaloosa se cabre encore beaucoup et nous donne l’impression d’être dans un tambour de machine à laver a certains moments. Nous sommes bien ensemble au milieu de nulle part. Mon anniversaire aurait pu être tellement pire. A 18h10 UTC-5 : 0°30.9 N et 82°30 W. Cap Plein Ouest, vitesse 5.8 nd.
Appaloosa news N°2
Tout va mieux: le soleil a fait une belle apparition ce matin. Le vent est à Force 4, encore dans le pif, mais la mer est plus calme. Du coup plus personne n'est malade. Pour fêter cela, opération crêpe qui achèvera de remonter le moral. Voilà pour vous rassurer. Notre position à 11h45 (UTC - 5) 2°20,4 N et 80°16.9 W.
Appaloosa traversée Panama Galapagos N°1
Ca y est l'aventure dans le Pacifique commence. Nous sommes partis hier le 24 Juin à 14h30 du mouillage de Isla Brisas - Panama. C'est avec bonheur que nous sommes partis. Et ce pour plusieurs raisons:
- d'abord le climat du Panama, surtout avec la saison des pluies (qui dure 6 mois) ne plaît à personne sur la durée, ni au bateau.
- Ensuite c'est le plaisir de se remettre en marche, cette sensation de prendre son destin en main, d'aller de l'avant qui nous plait.
- Enfin c'était la tension de passer le canal, puis la course pour tout réparer, préparer et s'approvisionner avant le départ qui nous ont pesé.
Nous avons eu de la chance: il a fait beau pour le départ. Comme prévu dans le Pot au Noir: il n'y a pas de vent. C'est donc sur une mer très calme, qui est devenu miroir que nous sommes sorti, c'était très bien comme amarinage après deux mois sans navigation. Nous avons même eu une brise terrestre qui nous a ravi. Cela a été un bonheur aussi de revoir les étoiles et la Lune presque pleine par la suite. Tout le Golfe de Panama était encombré de cargos, chimiquiers, vraquiers et autres grosses bêtes qui nous ont forcé à des évitages puis une veille attentive pendant la nuit. Ce matin nous doublons le Cap Sud de Panama qui nous fait sortir du Golfe de Panama: Puntamala. La mer est un peu chaotique: normale nous descendons le talus continental, pour rejoindre les Grandes profondeurs. A 10h30 UTC -5 nous sommes à 7°14.9 N et 79°57.5 W. Le temps est couvert il y a un force 1 qui fait que nous sommes au moteur ... et cela va durer.